Bonjour Catherine, quel plaisir que de t’avoir avec nous dans ces pages Monde ! Nous avons pensé
à toi pour nous parler de cet outil que tu utilises et offres aux gens depuis pas mal d’années, la
réflexologie. Mais pour commencer, peux-tu nous expliquer comment tu l’as découvert et quel a
été ton parcours avec lui ?
Je précise tout de suite qu’il existe plusieurs réflexologies. On peut travailler sur le pied, c’est la plus
connue, mais aussi sur la main, l’oreille et l’iris. En fait, j’ai rencontré la réflexologie « par hasard » il y
a une trentaine d’années. À cette époque, j’étais dans une vie qui ne me convenait pas, où j’avais
beaucoup de mal à marcher sur la planète. Et à un moment, j’ai posé les deux pieds par terre et je
me suis dit : « À quoi je sers, qu’est-ce que je viens faire sur cette planète ? » Et j’ai commencé à
expérimenter beaucoup de choses, à travers les livres et les pratiques, comme le magnétisme, le fait
de toucher les gens, et ô miracle, j’ai vu que ça marchait. J’ai fait ensuite une école de sophrologie et
mes lectures m’ont amenée à lire de nombreux ouvrages sur les pratiques indiennes, tibétaines et
autres, et j’ai découvert chez eux la pratique des chakras. En voyant un jour un magnifique dessin des
chakras du pied, je me suis sentie très intéressée.
De fil en aiguille, je suis tombée sur le livre de
Mireille Meunier sur la réflexologie. J’ai littéralement mangé ce livre, je le connaissais par coeur, et en
1995, j’ai décidé de rejoindre cette jeune femme et je suis allée la trouver à Paris pour apprendre la
réflexologie selon la médecine chinoise associée. Ce fut une découverte extraordinaire que
d’approcher un corps et le pied en particulier et de voir toutes les interactions que l’on pouvait
provoquer dans la corporalité. Pour moi, le terme de corporalité recouvre non seulement le corps
mais aussi l’émotionnel, la psyché et voire plus si l’on travaille sur le long terme. Depuis 1996, je suis
certifiée. Et je continue à acquérir des enseignements sur différentes traditions. C’est une grande et
belle histoire. Ce qui est impressionnant, c’est qu’à chaque fois que je me suis engagée dans une
formation, je suis toujours tombée sur des gens extrêmement doués dans leur matière, avec des
auras fabuleuses. J’ai été bénie des dieux ! Très bien accompagnée.
Connais-tu l’histoire de cette technique, orientale je crois ? Comment est-elle parvenue jusqu’en
Occident, et a-t-elle été adoptée facilement de ce côté de la planète ?
C’est une Américaine, Eunice Ingham, une femme née en 1889, physiothérapeute, qui a repris les
travaux d’un médecin, Fitzgerald, qui travaillait sur les patients au moyen de petits objets qu’il
utilisait comme moyen de pression sur les différentes parties des mains et des pieds. Eunice a pris sa
suite et a vite compris que ces petits objets entre le patient et le thérapeute n’apportaient pas grand chose
et que le contact physique direct était beaucoup plus intéressant. De manière empirique, elle a
laissé émerger une carte géographique du pied avec les zones correspondant aux organes du corps,
et dans les années 30-40, elle a écrit un livre et donné des conférences à travers les États-Unis pour
faire connaître la technique. Elle voulait vraiment apporter sa pierre à l’édifice de la santé humaine
puisqu’avec cet outil on pouvait soulager de manière très simple de nombreux maux et douleurs.
Cela fait donc plus d’un siècle que l’on essaie de diffuser la technique en Occident, ça a pris un peu
de temps. Avant sa mort, en 1975, un de ses neveux, Dwight Byers, l’a rejoint pour travailler avec elle
et c’est lui qui a créé l’Institut International de Réflexologie, et a importé la méthode en Europe et en
France en particulier. C’est récent, il nous a quittés début 2000.
Dans ses recherches, Eunice a découvert que dans toutes les traditions connues, on utilisait les
pressions sur les pieds ou sur les mains, en particulier chez les Chinois, peut-être même avant le
travail du fer pour fabriquer des aiguilles, donc avant l’acupuncture, mais aussi chez les Amérindiens
et sur certaines fresques égyptiennes décrivant le même genre de travail. C’est donc quelque chose
qui vient de très loin dans le temps, maintenant revisité à la mode occidentale moderne, mais
humainement universel.
Tu partages la réflexologie de plusieurs façons, en soins individuels, en groupes, et tu fais même
des formations. Peux-tu nous expliquer ce que tu apportes à toutes ces personnes que tu
accompagnes ?
Je reçois en effet des gens en cabinet. Mais je veux tout de suite préciser qu’il existe un amalgame
entre la réflexologie thérapeutique et la séance visant le simple bien-être. Il existe de courtes
formations pour cette seconde version, c’est super sympa, détente assurée, mais ce n’est pas ce que
je pratique. La formation de Mireille Meunier que j’ai suivie et qui vise une action thérapeutique se
fait sur deux ans, à raison d’un module par mois.
Les demandes des gens qui viennent me voir sont multiples. Elles peuvent aller du simple mal-être à
des malaises émotionnels, la gestion des émotions, ou des maux plus corporels ou organiques.
Quel
que soit le nom que l’on donnera à la maladie ou à ses symptômes, pour les Chinois, il s’agira
toujours d’une somme de déséquilibres, sur lesquels on peut intervenir pour ramener l’homéostasie
donc la santé. Le nom n’a pas d’importance. Pour moi, je porte la même attention sur quelqu’un qui
a une pathologie dites bénigne, que sur des gens souffrant de maux plus lourds.
Les demandes sont variées. Bien souvent on arrive chez le réflexologue quand on a fait le tour des
thérapies classiques sans beaucoup de résultats concluants. Je suis souvent la dernière chance. Une
grosse différence aussi avec la Chine, c’est qu’on y faisait généralement venir le médecin à chaque
changement de saison, quand le risque de déséquilibre se fait sentir, et que le médecin agissait donc
en préventif. La personne n’était pas malade. Elle était en santé et voyait un médecin pour le rester.
On dit même que si par malheur la personne était malade, le médecin n’était pas payé. C’était une
médecine de santé et non pas de maladie. Chez nous, on attend d’être dans la douleur pour appeler
le médecin. Jusqu’à maintenant, la médecine préventive ne parvient pas à rentrer dans les neurones
occidentaux.
Ensuite je fais des petits ateliers sur deux jours, que j’appelle « podo-relaxation » et qui sont
l’apprentissage de techniques de massages associés à la réflexologie plantaire et facilement
accessibles à toute personne ayant envie d’apporter du réconfort en famille, entre amis, également
aux thérapeutes qui chercheraient à ajouter un plus à leur propre technique.
Et j’organise des formations certifiantes, sur un an, pour devenir réflexologue à votre tour.
Raconte-nous une séance type au cabinet, si elle existe.
Il n’y a pas de séance type. Chaque personne qui vient est un univers en soi. La relation peut se faire
au niveau de la parole, où la personne va me raconter le symptôme criant qui l’amène à venir me
voir. La plupart du temps d’ailleurs, elle oublie de parler de tout ce qui s’est passé avant parce qu’elle
s’y est habituée. Certains parlent plus ou moins, font des liens entre la psyché, le relationnel et la
somatique. Et il y en a enfin ceux qui ne disent rien et attendent que moi je leur dise de quoi ils
souffrent. C’est sans problème. D’autant qu’entre ce que la personne me dit au départ et ce que je
vais sentir dans le pied, il y a souvent une autre histoire. Le corps me raconte la vérité, il ne ment pas.
Depuis 27 ans, j’ai développé une capacité à me mettre en relation avec la corporalité de l’autre et
les informations arrivent. La qualité du toucher, des sensations plus subtiles, ténues, plus aériennes
vont m’arriver sous forme de phrases, ou d’images ou de sensations dont je vais me servir pour faire
le « bilan » de fin de séance. Et je peux dire qu’à 99% du temps, la personne se reconnaît dans ce que
je lui partage en finale.
Donc d’après toi, un soin en réflexologie est bon pour tout le monde, sans contre-indication ?
Ça devrait être remboursé par la Sécurité Sociale, oui !
Depuis toutes ces années, peux-tu nous dire ce que la réflexologie a apporté, modifié, enrichi, dans
ta vie ?
En fait, ça m’a complètement transformée. J’ai démarré il y a 27 ans après un parcours dans
différents domaines qui sont venus m’enrichir et enrichir mon apprentissage de la réflexologie mais
ça m’a littéralement transformée, dans le sens où devenir thérapeute est une exigence
extraordinaire. Ce n’est pas le tout de faire une formation et de s’intituler thérapeute en tant que
« sachant » apte à recevoir des gens qui ne savent pas ce que tu es en train de faire pour eux. Pour
moi, c’est plus une relation d’égal à égal où je me mets à l’écoute totale, où Catherine n’existe plus
vraiment. L’écoute s’est vraiment développée chez moi. C’était mon exigence d’entendre ce qui se
disait et même au-delà des mots prononcés. Cela m’a mise aussi dans l’exigence de parcourir moimême
le chemin, de prendre soin de moi, d’aller à ma découverte, puisque plus je me découvrais,
plus je rentrais en connaissance avec moi-même, plus j’étais à même d’être au service de l’autre. Et
par conséquent, j’ai découvert que ce que j’allais dire aux gens pouvait autant intéresser la personne
que moi-même, c’est une boucle. La personne en face m’aide aussi à revenir à qui je suis, à là où j’en
suis et à comment je peux progresser, avancer sur mon propre chemin. En résumé, si la position de
thérapeute peut parfois sembler hisser au-dessus de l’autre, pour moi, ça m’a plutôt assise au niveau
de la personne que je reçois. C’est un apprentissage à l’humilité. C’est donc tout un parcours à la
connaissance de soi et plus je vais dans les différents espaces qui nous constituent, plus je les
inventorie, et plus je suis en connaissance de moi et plus je suis au service de l’autre.
J’ai aussi découvert les états modifiés de consciences. Assez rapidement, en travaillant sur une
personne, je me sentais partir dans un état très bizarre, proche de l’endormissement, alors que
j’étais en pleine forme, sans aucune raison de ramollissement. Et je me suis rendue compte qu’alors,
plus je perdais en mentalisation du processus que je devais suivre, plus mes mains travaillaient sans
la tête, et meilleurs étaient les résultats. C’est ensuite que je me suis dit qu’il devait s’agir de ces
états modifiés de conscience où il n’y avait plus ma volonté de « faire » mais où j’arrivais dans un
« état » d’être propice à ce que l’action se fasse de la meilleure manière qu’il soit. J’étais aussi en
capacité de recevoir différentes informations, venues de je ne sais où, surprenantes au début et que
j’hésitais à partager à la personne. Ces infos n’avaient pas de sens pour moi, mais très clairement
elles en avaient pour la personne concernée. Là, j’ai vraiment parcouru du chemin grâce à cela, je
dirais que j’ai appris à méditer grâce à cette thérapie que je pratique. C’est vraiment une méditation,
un réglage de la zone cérébrale, une autre dimension. Cela a été d’une richesse étonnante et je peux
dire que cela a été aussi ma propre thérapie, au-delà de toute une série de choses que j’ai faites en
parallèle, mais cela a rendu mon parcours permanent.
Merci Catherine, de nous avoir donné envie ! Sacré parcours !
Qui va peut-être évoluer dans les années à venir, mes mains sont encore efficientes, mais cela peut
changer. Pourtant après 27 années de ce travail, j’éprouve toujours le même plaisir à le faire, avec le
côté magique que j’y rencontre, les résultats que je constate en quelques séances, les avancées de
certaines personnes… J’éprouve toujours une grande gratitude envers ce parcours !