Les délices de ce mois
Un panier gourmand où piocher au gré de vos humeurs, des instants souriants ou profonds, pensifs ou ludiques. Diverses portes d’entrées pour se faire plaisir, nourrir différents aspects en soi et s’inspirer les uns les autres ; au gré de vos envies musiques, livres, photos, oracles… Vos propositions en ce sens seront les bienvenues. Prenez contact avec nous !
Voir
À déguster avec les yeux, des tableaux, des photos, des images pour inspirer notre créativité.
Ce couple enlacé ciselé par les mains de Camille Claudel est une allégorie classique de la mythologie romaine. La belle et vertueuse Pomone, -- parfois, ce n’est pas incompatible ! --, se consacre aux fleurs de son jardin et n’a pas le temps de batifoler. Mais le dieu des jardins, Vertumne, la désire et veut forcer son dédain. Sachant la dame réfractaire aux courtisans, il se déguise, tente de la tromper par des discours et des manœuvres savantes. Ce n’est que lorsqu’il se montre sous son vrai – beau – visage que Pomone cède et s’unit enfin à lui.
Le thème a été souvent traité par les artistes au fil des siècles, mais je trouve que le marbre de Claudel est le plus chargé d’amour véritable, de celui qui naît de la sincérité nue et de la fusion cœur à cœur, corps à corps.
Aline
Penser
Pour plonger dans les écrits éclairants, des notes de lecture, des coups de cœur, des extraits pour donner l’envie.
Loin de Chandigarh, Tarun J. Tejpal
Un roman aux multiples facettes, dans le décor de l’Inde des années 90, tous les ressorts de la passion éternelle. Erotisme cru et sensualité poétique, émotions bridées et inventivité lascive, instinct pur et fantasmes cérébraux, ce premier roman de l’auteur est une mousson tropicale dans tous les sens du terme.
Une seconde lecture moins haletante que la première (je voulais savoir si Fizz…) m’a permis de goûter pleinement à l’écriture chatoyante, originale et sensuelle de Tejpal, qui mêle les réflexions sur les rapports humains, la difficulté d’écrire, les interdits castrateurs d’éducations religieuses toutes-puissantes, et le déclin moral d’un pays qui a accédé à l’indépendance et à la prospérité en abandonnant ses valeurs ancestrales profondes. Une mine de réflexion. Un livre pur bonheur !
Aline
Entendre
Les musiques, contes et interviews qui nourrissent nos âmes au fil de chemin. Extraits non-exhaustifs, il y en a tellement !
Angel waking up on the beach, Janel
Une invitation à l'évasion, souvenirs vibrants, coeur battant...
Une évocation, un embrasement...
Lentement, continuellement...
Le mouvement s'amorce, puis s'élève
Tel un serpent sous la flûte enchanteresse
Le feu monte, la chaleur comme une caresse...
Un réveil envoûtant sur la plage...
Olga
Sentir
Pour mettre tous nos sens en fête, poèmes, recettes, oracles et plus, si affinités !
Mon premier massage ayurvédique
C’était dans la moiteur d’une station de montagne au Kérala. Le centre ayurvédique était niché entre des jardins d’épices odorants. Les vieux banyans avaient bien du mal à fournir un peu d’ombre et les fleurs rivalisaient de couleurs extravagantes sous un ciel de plomb. C’était ma première fois.
Je suis entrée dans le bungalow couvert de chaume sans savoir à quoi m’attendre, quoi d’autre qu’un massage ?, ça je connaissais. Deux femmes, petites et râblées, des visages tout ronds, bruns et rayonnants de bienveillance, m’attendaient. Elles m’ont fait asseoir sur un petit banc, ont couvert ma nudité d’un linge humide et ont commencé à me laver la tête. Du moins, c’est ce que j’ai cru dans un premier temps. Je trouvais ça curieux.
Mais leurs quatre mains enlacées dansant sur mon cuir chevelu ont eu vite raison de tout questionnement. Je ne sais pas combien de temps ça a duré, ça aurait pu continuer toute la nuit. Et pourtant j’étais mal assise mais j’avais oublié tout mon corps à l’exception de ce crâne qui devenait mon essence même.
Dans un brouillard total, elles m’ont relevée et conduite sur une table de bois huilée. Et la féérie a continué. Des massages bien sûr mais aussi des martelages de tampons d’herbes chaudes selon un parcours et un rythme connus d’elles seules mais qui m’ont fait sortir de l’espace-temps. Quand tout s’est arrêté, je n’avais plus de conscience. Une seconde, une heure ? s’étaient-elles passées, qu’en savais-je ? Je m’étais dissoute dans l’éternité.
C’était ma première fois. Malgré toutes mes tentatives depuis, je n’ai pas retrouvé la magie de ces instants. Mais la nostalgie d’une demeure de pure énergie est restée présente en moi. Je sais qu’elle existe, qu’elle m’attend.
Aline